LE POIGNET et LA MAIN

LE POIGNET

Le poignet est l’articulation distale du membre supérieur. Il permet l’orientation de la main qui est l’organe effecteur. Cette articulation met en contact l’ensemble radio cubital inférieur et le carpe, constitué de huit petits os. Il y a trois niveaux articulaires, le carpe étant constitué lui même de deux rangées d ‘os articulés entre eux.

  • l’articulation radio carpienne : entre l’avant bras et la main, 1ère rangée des os du carpe.
  • L’articulation médio-carpienne : entre la 1ère et la 2ème rangée des os du carpe
  • L’articulation carpo-métacarpienne : entre la 2 ° rangée des os du carpe et les métacarpes.

           Ces trois niveaux d’articulations donnent ses trois degrés de liberté au poignet.

les deux premiers niveaux articulaires (le 3°, non indiqué, est bien visible)

position de référence de la main

           Les mouvements du poignet :  La main en position de référence se trouve avec le petit doigt sur la couture du pantalon. Les mouvements s’effectuent autour de deux axes :

                 – l’axe transversal : flexion extension. La flexion rapproche la paume de la main de  la face antérieure de l’avant bras. L’extension rapproche le dos de la main de la face postérieure de l’avant bras.

-l’axe antéro-postérieur : l’adduction approche la main de l’axe du corps, l’abduction éloigne la main de l’axe du corps.

Les mouvements se combinent entre eux . Amplitude des mouvements :

  flexion active 85° , extension active : 85°, abduction : 15°, adduction : 45°

Dans les positions extrêmes de flexion extension les ligaments se tendent et empêchent les mouvements de latéralité, abduction adduction.Il existe une majoration de la flexion extension dans les mouvements passifs, par exemple dans les appuis quand la main fixée au sol se laisse étirer, l’angle d’étirement des muscles fléchisseurs de la main à sa face antérieure peut atteindre 100°.

extension passive du poignet

 

L’articulation :

On assimile souvent le carpe à un seul élément à double convexité. C’est pour cette raison qu’il permet les mouvements de flexion extension et d’adduction abduction. Il comporte en fait deux articulations.

  • l’articulation radio-carpienne, avec le radius.
  • L’articulation médio-carpienne, au milieu du carpe.

Il est formé de deux rangées d’os qui sont mobiles entre eux mais qui sont cependant très solidaires du fait du système ligamentaire qui les relie.

La première rangée est formée par : le scaphoïde, le semi-lunaire, le pyramidal. C’est la partie la plus mobile du carpe, intercalée entre l’avant bras et la 2ème rangée, elle fait tampon entre les deux segments voisins. Ces os s’articulent entre eux et forment un condyle qui correspond à la surface articulaire concave du radius. Le rapport avec le cubitus se fait par l’intermédiaire du ligament triangulaire. Cet élément plus souple permet

 

  • d’une part l’adduction plus prononcée que l’abduction qui elle, rencontre une butée osseuse du radius. Cette butée limite aussi les mouvements d’extension.
  • D’autre part les mouvements dans la prono-supination. Il fonctionne comme un essuie glace qui aurait comme point d’attache la base du radius.

La 2ème rangée est formée par le trapèze, le trapézoïde, le grand os et l’os crochu. Ils s’articulent d’une part avec la 1ère rangée, d’autre part avec les métacarpiens. Ils amplifient les mouvements de flexion extension et d’abduction adduction. Ils forment cependant un bloc plus rigide que les précédents, comme un socle pour les doigts. Du fait de la forme de leur articulation, on s’aperçoit que la résistance du côté du radius s’oppose à la souplesse du côté du cubitus.

Moyens de contention :

  1. La capsule articulaire est commune à l’ensemble de l’articulation. Les ligaments sont répartis en trois groupes : le groupe antérieur, le groupe postérieur et les ligaments latéraux.
  2. Les multiples ligaments procurent au carpe une grande stabilité et lui permettent de s’adapter aux contraintes. Les ligaments interosseux tendent à recentrer le poignet dans tous les mouvements. La position de plus grande stabilité du poignet comporte une légère adduction.
ligaments antérieurs du carpe

            Kapandji a proposé de comparer les petits os du carpe à un sac de noix qui rouleraient dans ce sac de manière précise. En position intermédiaire du poignet il existe un verrouillage autant en abduction qu’en adduction quand tous les os ont fini leur mouvement d’adaptation entre eux. En position de flexion ce ne sont plus les petits os qui roulent individuellement, mais ce sont les deux rangées qui jouent entre elles pour assurer une sorte de compensation et de stabilité, d’où l’intérêt de travailler les poignets toujours bien dans l’axe pour que tous ces petits mouvements d’adaptation puissent effectivement jouer leur rôle protecteur.

  • La flexion du poignet s’accompagne d’une abduction dans la radio carpienne et d’une adduction dans la médio-carpienne.
  • Dans l’extension du poignet il existe une adduction dans la radio carpienne et une abduction dans la médio-carpienne.

La flexion est plus marquée dans la radio-carpienne (pli de flexion du poignet proprement dit). L’extension est plus marquée dans la médio-carpienne du fait de la butée osseuse sur le radius.

  • Rôle des tendons musculaires :

Des études sur le vivant par scanner ont montré le rôle très important des tendons musculaires. Ils forment un véritable réseau tout autour du poignet. Le rôle des muscles fléchisseurs est particulièrement efficace pour assurer la cohésion articulaire du poignet.

tendons et ligaments postérieurs du poignet

La position la plus exposée pour le poignet est l’extension en abduction forcée. Mais il faut bien noter que cette position est spécialement sensible lors des chutes, c’est à dire quand il y a un impact important et rapide.

action des muscles du poignet

Les muscles moteurs du poignet :

Kapandji propose une classification en 4 groupes en se référant aux axes de flexion extension et d’adduction abduction sur une coupe transversale passant à la partie basse du radius et du cubitus.

  • Le 1er groupe dans le quadrant antéro-interne aurait une action de flexion adduction.
  • Le 2ème groupe dans le quadrant postéro-interne aurait une action d’extension adduction.
  • Le 3ème groupe dans le quadrant antero-externe aurait une action de flexion abduction.
  • Le 4ème groupe dans le quadrant postero-externe aurait une action extension et abduction.

Mais il souligne qu’en fait les mouvements naturels se font vers des plans obliques. La flexion adduction s’orientant vers le geste de pronation, l’extension abduction amorçant déjà le geste de supination. Il ne manque plus alors que l’action supinatrice de l’articulation radio cubitale.

muscle de l ‘extension et de la flexion

 

 Action des différents muscles :

Le poignet en flexion : les muscles fléchisseurs sont situés sur la partie antérieure de l’avant bras. Ils vont de l’épitrochlée au poignet. Le petit palmaire est fléchisseur direct dans l’axe de la main. Le cubital antérieur se contracte si la flexion porte plus sur la partie interne du poignet. Le grand palmaire se contracte si la flexion porte plus sur la partie externe.

Le poignet en extension : les muscles radiaux sont situés à la partie externe de l’avant bras. Ils naissent dans la partie basse de l’humérus et se terminent sur la face dorsale de la main. Le 2ème radial est extenseur direct. Le cubital postérieur prédomine si l’extension porte plus sur le bord interne du poignet. Le 1er radial l’emporte si l’extension porte plus sur le bord externe du poignet.

Le poignet stabilisé en position intermédiaire : le poignet étant dans le prolongement de l’avant bras, les muscles de la flexion et de l’extension s’équilibrent. Les muscles de l’avant bras et de la main ont une meilleure efficacité.

L’adduction pure : est due à l’action à forces égales du cubital antérieur et du cubital postérieur.

L’abduction pure : est due à l’action à forces égales des radiaux et des palmaires.

les muscles du poignet ( en flèche)

 

Il existe une synergie de fonctionnement entre les muscles du poignet et ceux des doigts, quand on met le poignet en extension les doigts se fléchissent et lorsqu’on fléchit le poignet les doigts se mettent en extension au niveau de la 1ère phalange.

Il existe une position de fonctionnement préférentiel du poignet, c’est celle qui donne la meilleure efficacité pour le fonctionnement des doigts. Le poignet est alors en légère extension de 40° et en légère adduction de 15°.

LA MAIN

La main est un outil magique. C’est l’organe d’action du membre supérieur.

  • Elle permet à l’homme de prendre et de donner.
  • Elle lui permet de « faire » des tas d’objets et des tas d’activité.
  • Elle lui permet de dire par le langage des signes des sourds-muets.
  • Elle lui permet de lire l’écriture des aveugles.
  • Elle lui permet de voir, il existe un lien intense et un dialogue permanent entre l’outil- main et celui qui observe, l’œil.
  • Elle lui permet d’exprimer ses sentiments, dans les danses indiennes par exemple, mais aussi dans le langage de chaque jour(faire un signe, applaudir, montrer le poing).
  • Elle lui permet de créer.
  • Elle lui permet de respirer, que dire de la finesse des mudra, simples déplacements des doigts qui agissent sur le lieu où nous respirons, abdomen, thorax, haut du poumon.
  • Elle lui permet de trouver un socle dans certaines postures à quatre appuis ou à deux appuis.

La main est un sujet très complexe. Il ne sera retenu ici que les éléments qui favorisent la compréhension de notre pratique.

Aspect morphologique :

Sur la face antérieure de la main on observe le poignet, la paume et les cinq doigts.

  • La paume est creuse, elle est bordée par l’éminence thénar ou base du pouce (muscles intrinsèques du pouce) et l’éminence hypothénar base de l’auriculaire(muscles intrinsèques du petit doigt).On observe différents plis qui sont les points de repère de structures anatomiques de la main. Ces structures participent au creusement adaptatif de la main dans sa fonction principale de préhension.
  • Les doigts : il existe quatre doigts longs à 3 phalanges et un doigt court le pouce à 2 phalanges. La fonction d’opposabilité du pouce est la 2ème grande fonction de la main. Celui ci se trouve en dialogue constant avec l’index ou l’index et le médius ou les quatre doigts.

Sur la face dorsale de la main on observe les tendons des muscles extenseurs et les plis d’extension.

le squelette de la main

 

Structure osseuse :

Faisant suite aux os du carpe on observe les os métacarpiens puis les phalanges des doigts. Il s’agit d’un ensemble de petits os longs qui comportent une base, un corps et une tête. Ces éléments forment comme une colonne pour chaque doigt. Ils sont disposés en éventail à partir du poignet.

Articulations :

  1. Entre le carpe et les métacarpes : Les métacarpiens s’articulent sur le carpe par leur face supérieure. Cette surface est plane et elle permet des petits mouvements de flexion extension et de glissements. Les métacarpiens s’articulent entre eux latéralement. L’articulation entre le trapèze du carpe et le 1er métacarpien, celui du pouce, est une articulation en double « selle » qui permet un vaste jeu articulaire. L’emboîtement réciproque de ces deux surfaces en selle leur confère une grande solidité et une grande mobilité. Le pouce peut ainsi se mobiliser d’avant en arrière et de dedans en dehors.
articulation en sele du pouce

 

            Cependant le premier métacarpien de la colonne du pouce se trouve dans un plan antérieur par rapport aux autres. De ce fait :

  • dans la flexion le pouce va en dedans et en avant, vers l’axe de la main.
  • Dans l’extension il va en arrière et en dehors.
  • Dans l’abduction il va en dehors et en avant.
  • Dans l’adduction il va en dedans et en arrière.
  • Entre les métacarpes et les phalanges : Il s’agit d’articulations condyliennes qui ont deux degrés de liberté. Elles permettent des mouvements de flexion extension et des mouvements latéraux. La tête arrondie du métacarpe correspond à une surface concave de la base de la 1ère phalange.
  • Entre les phalanges : Il s’agit d’articulations trochléennes qui possèdent un degré de liberté. Elles permettent des mouvements de flexion extension. La tête de la phalange a la forme d’une poulie, la base de la 2ème phalange présente une surface concave qui s’adapte sur la précédente. Toutes les phalanges sont construites sur le même type. On remarque ici la richesse des types articulaires de la main.

Capsules et ligaments :

  • Au niveau du massif carpien : le massif carpien forme une gouttière à concavité antérieure, le ligament annulaire antérieur du carpe est tendu d’un côté à l’autre. On appelle l’ensemble le canal carpien.

Quand la paume se creuse, la concavité de la gouttière augmente. Ce sont les muscles thénars et hypothénars  qui font ce mouvement.

  • Au niveau des articulations métacarpo-phalangiennes et inter-phalangiennes la capsule est lâche. De plus il existe des ligaments latéraux et palmaires.
  • Renforcement de l’appui : l’appui se fait sur un poignet en extension. C’est la paume de la main qui devient socle de la posture. Les forces convergent sur l’axe médian de la main, 3ème doigt. Il existe une aponévrose triangulaire qui naît du ligament annulaire et qui s’attache de chaque côté de la paume. Elle permet de résister à l’écrasement de la paume au moment de l’appui.
aponévrose palmaire
aponévrose dorsale de la main

Les muscles de la main :

A – Les muscles extrinsèques des doigts : Ils agissent sur  les doigts, mais ils naissent et sont situés dans l’avant bras.

Les extenseurs : ils sont au nombre de 3. Ils sont situés sur la face dorsale de l’avant bras, leurs tendons se terminent sur la face dorsale de la main. L’extenseur commun des doigts, fait l’extension des 4 derniers doigts et participe à l’extension du poignet. L’extenseur propre de l’index, fait l’extension à ce niveau et renforce l’action de l’extenseur commun. L’extenseur propre du 5ème doigt fait l’extension à ce niveau et renforce l’action de l’extenseur commun.

Les fléchisseurs : ils sont au nombre de 2. Ils sont situés sur la face antérieure de l’avant bras, leurs tendons se terminent sur la face antérieure des phalange. Le fléchisseur commun profond des doigts naît  sur la face antérieure du cubitus et sur le ligament interosseux. Il forme 4 tendons qui passent dans le canal carpien et se terminent sur la base de la 3ème phalange. Le fléchisseur commun superficiel des doigts naît sur l’épitrochlée, l’apophyse coronoïde du cubitus  et sur le bord antérieur du radius. Il forme 4 tendons qui passent dans le canal carpien puis se terminent à la face antérieure de la 2ème phalange après s’être dédoublés.

Les muscles extinsèques du pouce : Le long fléchisseur propre. Le long abducteur. Le court extenseur. Le long extenseur.

B – Les muscles intrinsèques des doigts : Ils s’attachent uniquement sur les os de la main.

  1. Les interosseux : situés au niveau des métacarpiens ils permettent l’écartement et le rapprochement des doigts. Ils jouent dans la flexion extension des doigts. Les lombricaux : ils jouent dans la flexion extension des doigts. Les muscles intrinséques du 5ème doigt : l’opposant, le court fléchisseur, l’adducteur.
  2. Les muscles intrinsèques du pouce : l’adducteur du pouce, le court fléchisseur, l’opposant du pouce, le court abducteur du pouce.
muscles extrinsèques et intrinsèques des doigts

 

APPLICATIONS PRATIQUES :

De ce que nous venons de voir découlent des applications directes pour notre pratique.L’ensemble épaules, coudes, poignets, mains, fait un tout dans l’action et les découpages de présentation sont un peu arbitraires.

Mouvements des bras libres et importance du placement des mains :

  1. Les différentes positions de la main :

Il existe un dialogue constant entre l’épaule et la main, si les positions respectives de l’une et de l’autre sont laissées au hasard, c’est toute la dynamique du bras qui l’est aussi.

  • Mouvements de pronation, demi-pronation, supination :

A partir de la position anatomique, en portant les bras à l’horizontale, paumes en avant, par les côtés, en abduction pure, il existe une légère angulation entre l’avant bras et le bras. L’abduction du bras s’accompagne d’une rotation externe de l’épaule. Le plan de la main est vertical tout comme l’axe de la trochlée, le poignet est stabilisé entre flexion et extension, il se produit un équilibre entre les antagonistes fléchisseurs et extenseurs du bras qui augmente  la force générale des muscles de l’avant bras et de la main.

Par contre avec une pronation, paumes de mains vers le bas il se fait une rotation du radius sur le cubitus qui amène l’axe de l’avant bras dans l’axe du bras. Le plan de la main est horizontal, l’axe de la trochlée est vertical.

Dans un mouvement de supination de l’avant bras, paume de main vers le ciel, l’angle entre l’avant bras et le bras s’accentue légèrement ( 160°) il faut faire un plus gros effort d’étirement pour aligner les différents segments.

  • Mouvements de flexion-extension :

Les différents placements de main apportent des modifications dans l’étirement des chaînes musculaires. Ils ont une action bénéfique dans l’étirement des défilés neuro-méningés. Toutes ces voies de passage se trouvent ainsi sollicitées et libérées, le meilleur fonctionnement de ces zones amène tonicité et souplesse.

placement du poignet

Le poignet peut être placé en extension : on observe un renforcement de tonicité de toute la musculature du bras et de la ceinture scapulaire.Le poignet peut être placé en flexion. Il peut être placé en adduction ( flexion cubitale, doigts vers le bas) On observe un renforcement de la tonicité musculaire des muscles de l’avant bras. L’abduction n’apporte pas beaucoup d’éléments car elle est limitée par une butée osseuse. Tous ces mouvements des poignets peuvent être aussi étudiés bras verticaux.

  • Recherche des amplitudes maximales :

La recherche assidue de l’amplitude du jeu articulaire permet dans les derniers degrés de trouver des ressources parfois insoupçonnées, tout comme les derniers degrés d’extension du membre inférieur permettent de mettre en tension les psoas iliaques, les derniers degrés d’extension des deux bras simultanément permettent de faire appel au travail sustentateur des grands dorsaux et donc aident à passer dans une extension dorso-lombaire tant recherchée. Tout ce travail des mains, loin d’être une gesticulation laissée au hasard, apporte au contraire une mise en conscience précise de cet étage du corps.

La main dans l’appui :

L’appui peut se faire avec plus ou moins de force. Il va du simple équilibrage au véritable socle. Il est très important de bien axer le poignet et les doigts. Nous avons vu que les petits os du carpe ont été comparés à des noix dans un sac et pour qu’ils puissent jouer entre eux aisément il faut que le poignet soit bien placé par rapport à l’avant bras. Dans ce cas le canal carpien véritable tunnel de passage, permettra aux multiples tendons, vaisseaux et nerfs de passer sans dommage.

Dans l’appui il existe différents niveaux :

les arches de la main
  • La structure même de la main avec la fonction d’opposition du pouce permet de créer plusieurs arches d’axes différents. C’est dans l’appui sur le bout des doigts, extrémités des arches que la main a le plus de force.

appui sur le bout des doigts

  • Du fait de la possibilité d’extension entre la 1ère phalange des doigts et les métatarsiens, dans une posture comme le chien tête en bas l’appui peut être pris dans un premier temps sur les doigts, la paume quittant le sol. Ceci permet de donner un peu de « longueur » à tout « l’élastique » postérieur et de poser les talons. Le réflexe myotatique de contraction s’étant dissipé, les mains se posent à plat sans que les talons quittent le sol.
  • La main peut carrément être le socle de la posture, le poignet est en extension. Il importe alors que toute la main soit en éveil afin de la connecter au tronc. Il est alors utile de prendre un appui initial important sur la tête du 2°métacarpien (en arrière de l ‘index) et du pouce puis de répartir la force jusqu’au petit doigt et le bord cubital de la main également pour éveiller tout l ‘axe du bras et de l ‘épaule et connecter l ‘ensemble au tronc. On peut y ajouter une « intention »de rotation externe de la main , ce qui va intensifier encore cet éveil et ouvrir la ceinture scapulaire. (c’est un système équivalent à ce que l on peut faire avec son pied).

La main tout comme le pied est très résistante, même si sa richesse articulaire et la finesse de ses petits os allongés donne une impression de fluidité qu’elle possède aussi effectivement. La résistance provient de la quantité de petits ligaments qui unissent tous ces éléments, des muscles intrinsèques et des tendons des muscles  extrinsèques qui comme dans le genou agissent comme autant de « cordages » de sécurité. De plus les muscles de l’éminence thénar et hypothénar gardent un certain creusement de la main et s’opposent à son écrasement au sol. Ceci n’est pas sans rappeler le travail de la voûte plantaire, tout ce travail des mains, loin d’être une gesticulation laissée au hasard apporte au contraire une mise en conscience précise de cet étage du corps. Enfin l’aponévrose triangulaire qui revêt toute la structure, est comme une toile très solide qui donne de la cohésion à l’ensemble. Les forces convergent vers l’axe médian de la main.

Assouplir et tonifier le poignet :

Chez certains le poignet est considéré comme une zone de fragilité et il l’est effectivement s’il manque de souplesse et de force. La fracture du poignet, le « Pouteau Colles » reste à l’esprit d’autant plus qu’elle est classée dans les indices prédictifs d’ostéoporose. Or comme nous l’avons déjà vu, il y a une confusion. Cette fracture arrive le plus souvent lors d’une chute. Il faut un impact fort et rapide. Il y a tout lieu de vouloir fortifier le poignet en prévention :

     . Par des séries de contractions rythmées, bien conscientes, globales ou orientées vers les extenseurs, face bronzée de l’avant bras ou les fléchisseurs, face blanche.

     . Par un travail de prise de conscience des jeux articulaires. Dans la position à 4 pattes, la main étant posée au sol, doigts en avant, bien réaliser les mouvements respectifs des os de l’avant bras quand le plis du coude regarde en avant ou en dedans. Ceci évite des tractions inutiles et douloureuses sur les poignets et les épaules qui ont lieu si les avants bras n’ont pas été bien placés.

assouplissement des poignets

     . Par un travail d’assouplissement en appui à quatre pattes, par exemple mains en pronation  bien axée, doigts en avant ou main en supination, bien axée, doigts en arrière. La structure étant soit relâchée, soit contractée, on avance sur les inspires et on revient sur les expires. Ce travail de mise en charge progressive fortifie les muscles et les tendons. Il faut noter que la main fixée au sol entre dans le cadre de la flexion dite « passive ». Dans ce cas l’angle d’extension peut atteindre jusqu’à 100°. La position doigts en avant ou doigts en arrière doit faire partie du choix, le poignet ne peut être laissé dans une position indifférente, en particulier dans les appuis postérieurs. En effet en se souvenant de l’adage « tout ce qui est en haut est en bas » et vis et versa, nous voyons que le poignet influence particulièrement ce qui se passe au niveau de l’épaule. Que ce soit dans les planches ou dans les positions assises, la position du poignet, doigts en arrière entraîne un placement de l’épaule en rotation externe et une large ouverture de la ceinture scapulaire.

       Ce travail étant particulièrement net dans les positions assises si on revient en s’asseyant plus en avant que dans la position de départ. Tout est une question de dosage comme toujours.

       Les appuis progressifs permettent de tonifier les muscles des poignets bien axés. Le bras doit rester bien vertical pour soutenir l’épaule, la ceinture scapulaire doit être stabilisée. Dés lors les appuis à quatre pattes, les appuis antérieurs, latéraux et postérieurs pris en dynamique puis en statique progressif, vont être efficaces pour tonifier la musculature concernée.

     . Exercices hors appui :

            Pour tonifier : Les appuis directs des 2 mains l’une sur l’autre comme dans samasthiti ou tadasana, en observant les réactions de tout le système bras suivant le degré de proximité  du corps et suivant le degré d’étirement vers le haut, des bras.Les appuis directs poignets croisés sont également très efficaces pour réveiller toute la chaîne musculaire du bras.

            Pour assouplir : Un exercice consiste à présenter les paumes l’une contre l’autre, puis le dos des mains en tournant sur le bord cubital et en ramenant les doigts vers soi. On tourne dans un sens puis dans l’autre, cette fois on tourne sur le bord radial et les doigts regardent vers l’avant.

La main comme contre appui :

chandelier avec contre appui imaginaire

  • La main dans un contre appui imaginaire :

Nous nous souvenons qu’au niveau des genoux les tendons des muscles qui « enjambent » l’articulation sont très fortifiés par le travail des contractions. Ils forment un véritable manchon protecteur de l’articulation. Il en est de même au niveau du poignet. Si nous observons le schéma de la coupe transversale du poignet, nous voyons qu’un travail de contraction à ce niveau aura des répercussions bénéfiques importantes.

En nous référant à la posture du chandelier, nous voyons que

. dans les flexions en avant, l’ensemble bras étant bien solidarisé, nous pouvons appuyer sur l’air avec le dos des mains (comme si on voulait repousser vers le haut un gros ballon ou un gros poids). Cet appui engendre un mouvement d’extension du haut du dos et donne de la force à tout le socle du chandelier.

. dans les torsions nous pouvons appuyer sur l’air avec le dos de la main postérieure et la paume de la main antérieure. Ceci donne une sensation précise du volume à tourner à part égale et permet d’éviter le « dévissage » d’un bras par rapport à l’autre. Ils restent dés lors bien axés l’antérieur ne prenant pas de l’avance sur le postérieur.

  • Nous avons déjà évoqué le contre appui de la main sur l’omoplate.

   Il est aussi très efficace à main libre. En poussant sur l’air avec le dos de la main, le bras étant tendu comme un bâton, nous sentons l’extension du haut du thorax, comme s’il était poussé par une main amicale, c’est la face antérieure profonde de l’omoplate qui bien appliquée sur le gril costal, l’aide à s’étirer vers le haut.

La main comme guide des mouvements du corps :

. La main outil de mesure : En prenant l’exemple de la posture du chandelier, une fois fixée la ceinture scapulaire par le biais des omoplates, les bras, avant bras et poignets étant solidarisés à 90°, nous pouvons suivre degré par degré le travail de la colonne vertébrale, tant dans les extensions que dans les flexions avant ou latérales et dans les torsions. La main très conscientisée capte les angulations,  les directions, les pressions comme un véritable appareil de mesure et d’équilibrage.

. La main outil de précision : Dans la posture du loquet par exemple, nous pouvons voir que la mise en place précise de la main à la fin de la posture contribue à parfaire l’ouverture dans l’axe, des plis et des espaces inter-costaux. Suivant son degré de pronation la main renforce la tonicité des muscles et permet d’accentuer la posture. « Le bras de levier » constitué par le membre supérieur ouvre de plus en plus les espaces intercostaux et permet une meilleure bascule du thorax sur le côté opposé.

étirement du thorax par les bras

Autres aspects :

Les possibilités des mains sont tellement multiples que nous n’en évoquerons que quelques-unes unes.

  • Les Mudra : Ils nous offrent un énorme chapitre à approfondir, les gestes de la danse indienne sont précis et signifiants. Nous pouvons expérimenter par nous même ce qu’il en est au sujet de la respiration. En 3 phases nous comprenons l’impact du placement des doigts sur les 3 niveaux respiratoires, abdominal ( pouce et index se touchent par leur extrémité et les autres doigts sont déployés), thoracique (idempour pouce et index mais les autres doigts sont repliés, leur pulpe touchant la paume de main), claviculaire (les 4 doigts enferment le pouce l ensemble formant comme un petit tonneau). De plus il existe un lien étroit entre les mouvements du poignet et la stimulation des réflexes bulbaires respiratoires.
  • Traditionnellement la mise en place de la chaîne cinétique fermée ne se fait pas n’importe comment. Le crochetage réciproque du gros orteil par l’index et le verrouillage par la pulpe du pouce suit un code qui n’est pas lié au hasard mais à la connaissance de la tradition. La force déployée dans la dynamique de la posture peut ainsi circuler à travers ce « lien ».
  • Dans la tradition chinoise  les méridiens vont jusqu’au bout des doigts et  dans le poignet il existe des points importants comme le 3IG(intestin grêle) et le 7P( poumon).Le travail précis de la main tonifie ces éléments.
  • Les chaînes musculaires quant à elles, vont aussi jusqu’au bout des doigts. Nous voyons donc l’importance d’éveiller dans les séances de travail, tout le circuit, car comme nous l’avons vu, c’est souvent dans les derniers degrés d’étirement que se révèlent de nouvelles possibilités. Ceci n’empêche évidemment pas d’apprécier dans d’autres séances, un travail beaucoup plus fluide qui permet lui aussi de comprendre d’autres aspects des choses. Nous voyons que les chaînes musculaires, tout comme les méridiens d’acupuncture, se terminent au bout des doigts. Nous savons par ailleurs que nous n’utilisons qu’une partie des possibilités de notre corps dans nos mouvements quotidiens. Il est donc bien utile de travailler, par l’intermédiaire des mouvements de poignets et de mains les multiples possibilités qui nous sont offertes. Cela nous permet ensuite dans la vie courante d’élargir nos facultés d’expression et de faciliter le libre passage des énergies dans les zones ainsi bien conscientisées.

La rigueur du portique de la ceinture scapulaire, loin de nous rigidifier et de nous mettre en cage, nous offre un socle stable. Dés lors, les arrondis et les spirales des mouvements du bras et de la main peuvent émerger donnant toute sa force au « pouvoir bénéfique » des mains.   

Bibliographie :

A.I.Kapandji. Physiologie articulaire 1, membre supérieur. Edition Maloine.

G.Bordier. Anatomie appliquée à la danse. Edition Amphora.

B.Calais Germain. Anatomie pour le mouvement. Edition Desiris.

D.Martin.Comment entretenir, protéger son « patrimoine » physique… 

Ray Long MD FRCSC  The key muscles of Hatha Yoga

Marieb   anatomie et physiologie humaine

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